De tout temps, les Etats se sont endettés pour assurer le financement de dépenses liées à des choix politiques.
De tout temps, les Etats ont été confrontés aux
difficultés de faire face à leurs échéances.
Depuis des siècles, l’issue est toujours la même :
- rééchelonnement de la dette : rembourser en 5 ans ce
qui a été initialement prévu en 3, par
exemple,
- abandon, partiel ou total, des créances, par contraintes ou par
négociations, comme dans le cas actuel de la Grèce,
- création de masse
monétaire(1)
l’inflation étant une méthode douce
qui permet de gommer d’autant, en monnaie constante, la charge des créances (2).
(1) La création massive de papier monnaie par le
Banquier Law en 1716, dans le cadre d’une Banque Royale. La charge annuelle de
la dette représente alors 60% des recettes de l’Etat royal. Après une
spéculation euphorique à la hausse des « actions »,
dans l’impossibilité d’échanger le papier contre sa contrepartie métal, le
système est en banqueroute. Conséquences : 10% de Français, parmi les plus
riches, sont ruinés et 10% ont fait fortune en spéculant. L’Etat solde ses
comptes par un transfert, de fait, de sa dette sur les Particuliers. L’économie
est relancée.
(2) « la
planche à billets » fonctionne à plein régime aux USA pour le compte de la
Fed et au Royaume Uni pour le compte de la Banque d’Angleterre. Au 1er
avril 2012, la BCE n’a fait que créer de la monnaie virtuelle en offrant aux
Banques, pour financer les Etats, des lignes de crédit jusqu’à 1 000
milliards d’Euros (fin 2011/début 2012) à 1%. Lesquelles ne prêtent pas à moins
de 3%.
Mais c’est toujours en
imposant aux créanciers qu’ils renoncent, que la crise des dettes souveraines a été dans
l’Histoire lointaine ou récente, résolue.
S’agit-il d’une fatalité ou
ne s’agit-il que de transferts, par une sorte d’effet boomerang, des prêteurs vers les Etats, quand
l’Intérêt Général est engagé ?
Poser la question
historiquement permet de
faire litière de l’argument selon lequel la cause en est le « populisme
et la démagogie », voire la Démocratie elle-même. Cela conduirait les « Politiciens », de quelque
idéologie qu’ils soient, à créer de la dette pour rechercher un consensus par
la dépense publique. Les dérives de
l’Etat monarchique et du Trésor Royal font la démonstration que ni les urnes ni
les campagnes électorales ne sont en cause.
De quoi s’agit-il alors ? Et à qui profite la
dette ?
On ne s’endette qu’auprès de
ceux qui peuvent prêter :
Etats, Investisseurs privés, Fonds de
placements les plus divers, par banques intervenantes. C'est-à-dire auprès de
ceux qui, à un instant donné, disposent de trésoreries inemployées. (3)
(3) les pétro-dollars des Émirats ou les excédents
budgétaires Chinois, par exemples
Par l’Emprunt, les Etats
créent des placements rémunérateurs, plus fiables que les marchés boursiers, plus rapides que maints
investissements industriels. D’autant que, en retour, l’Emprunt sert à
alimenter les tuyaux de l’économie par le subventionnement et l’encouragement
fiscal (improprement nommé aujourd’hui
niche) ainsi qu’à soutenir la protection sociale, sans laquelle il n’y a
pas d’économie apaisée.(4)
(4) le déficit de la Sécurité Sociale pourrait
être résorbé dans des proportions supérieures à 60% selon certains experts, si
la France n’avait pas les médicaments les plus chers d’Europe (Cf
rapport de la Cour des Comptes). Mais, dans le même temps, la France
dispose d’une très puissante industrie pharmaceutique…..en partie subventionnée
par la Sécurité Sociale. La preuve par Servier. Sans compter le coût des
prothèses, pour une part fabriquées en Chine.
Et, quand la charge de la dette
devient une menace pour l’intérêt général, par l’un des moyens développés
ci-dessus, les créanciers prennent leur perte et…… se mettent en situation
de prêter à nouveau.
Non sans cynisme et dans
l’immoralité la plus complète, ainsi tourne la roue. (5)
(5) les
problèmes actuels tiennent moins à l’endettement public et à la rémunération du
capital, qui se porte bien, quoique tendanciellement à la baisse, qu’à l’hyper
développement des classes moyennes et à leurs exigences de consommation.
Vont-elles résister à la paupérisation ?
Histogramme du ratio dette publique/PIB en France de 1540 à 2000.
in Histoire de la dette publique en France. Richard Brun Institut des Sciences Politiques
de Paris.
Le dernier ratio calculé par l'Insee au 1er avril 2012 est de 85,8 %. Les Etats-Unis ont une dette publique équivalente à 100% de PIB et l'Angleterre 93%.
La dette publique est-elle, en soi, un
problème, l’Etat n’étant pas contraint à l’amortissement des montants
empruntés ? Même si le traité de Maastricht sur l’UE en fixe la limite à 60%. La charge de la dette (les intérêts), par rapport aux budgets
annuels publics concernés, en regard de leurs déficits, n'est-elle pas le plus important à prendre en
compte? Sachant que les Collectivités Territoriales n’ont que des budgets
réputés à l’équilibre et que la charge de la dette ne porte pas, en elle-même,
l’impasse budgétaire. Qui a bien d’autres causes.
Note
rédigée par Gérard Bligny le 1er avril 2012 à l’issue d’une
conférence de Jean-Claude Trichet, ancien Gouverneur de la Banque de France,
ancien Président de la BCE, d’un exposé du Secrétaire Général du MEDEF-Bretagne
sur la dette Publique et de divers échanges à titre privé.